En mai 1984, le maréchal Kim Il-Sung, dirigeant de la Corée du Nord, se rend discrètement à Moscou. Deux ans plus tard, Edouard Chevardnadze, qui a remplacé Andreï Gromyko à la tête de la diplomatie soviétique, y privilégie alors le pragmatisme. Le 20 janvier 1986, Chevardnadze entame une tournée diplomatique en Asie qui le conduit d'abord au Japon, puis à Pyong-yang, en Corée du Nord...
Au moment où son avion atterrit, un navire de guerre chinois rentre à Shanghaï après avoir participé aux manoeuvres militaires de la 7ème flotte américaine en Mer de Chine. Or la visite de Chevardnadze a justement pour but d'oeuvrer au rapprochement entre l'URSS et la Corée du Nord, laquelle était hier encore l'allié privilégié de la Chine. Cette dernière a opéré un surprenant virage politique en libéralisant son économie.
Kim Il-Sung s'irrite autant de ce changement que des liens nouveaux que la Chine tisse désormais avec les USA. Cette même Chine qui va jusqu'à s'aligner sur la stratégie sud-coréenne, japonaise et américaine ! En février, Kim Jong Il (le fils de Kim Il Sung) emmènera donc la délégation du Parti Communiste de Corée du Nord au Congrés du Parti Communiste d'Union Soviétique, à Moscou.
Kim Il-Sung attend de l'entente avec le "grand frère russe" qu'elle lui permette de renforcer son potentiel militaire, technologique et économique et, face à la coalition Corée du Sud, Japon et USA, l'URSS devient donc un partenaire plus que précieux pour lui. De son côté, la Chine prend ombrage de ce revirement de la Corée du Nord et, par ricochet, décide de prendre désormais ses distances avec l'URSS.