L'agitation qui gagne les lointains territoires de l'empire colonial français inquiète le pouvoir. Pour se prémunir de toute contagion dans l'hexagone, la Préfecture de police de Paris et le ministère des Colonies sont chargés, en 1919, de créer un service qui débusquera les agitateurs venus des colonies pour s'installer dans la métropole française. Ce service reçoit alors le nom de CAI, les initiales de Contrôle et Assistance des Indigènes...

1919- Nguyen Ai QuocEn juin de la même année parait un fascicule nommé Revendications du peuple qui est adressé au "noble peuple de France"...


Il est signé par un mystérieux Nguyên Ai Quôc qui exige, entre autres demandes, le droit à l'autodétermination de tous les peuples colonisés.


Le CAI entre aussitôt en action mais ne retrouve pas la trace de l'auteur de cette publication subversive.

Un adjudant vietnamien est alors chargé du dossier. Il commence par informer les policiers français que Nguyên Ai Quôc signifie "Nguyên le Patriote".

Puis, s'immiscant parmi la communauté vietnamienne de France, son enquête le mène à une librairie où exerce un certain Nguyên Tât Thành.

Ce dernier, qui publie sous le pseudonyme de Nguyên le Patriote, est membre du Parti Communiste Français (PCF).

Il est aussi journaliste à L'Humanité, écrit pour Le Libertaire et est également franc-maçon et sympathisant de la Ligue des droits de l'homme.

Mais le CAI perd brusquement la piste de ce Nguyên Tât Thành, alias Nguyên le Patriote : il est secrètement parti en URSS, où il est devenu membre du Comité central de la IIIème Internationale communiste. A MoscouNguyễn Sinh Cung (de son vrai nom) change son patronyme avant de devenir le dirigeant de la lutte pour l'indépendance de son pays, le futur 1er président du Vietnam et d'entrer dans l'histoire sous celui de Ho Chi Minh...