Des agents de la division 3 de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) ont été chargés par Raymond Marcellin, le ministre français de l'Intérieur, d'aller poser des micros dans les futurs locaux parisiens du journal satirique Le Canard Enchaîné...
Mais, le 3 décembre 1973, alors qu'ils sont en pleine action, ils sont surpris par André Escaro, dessinateur du journal. Le Canard Enchaîné porte plainte et cette dernière est confiée au juge Alain Bernard.
Ce juge sait parfaitement que c'est le ministre de l'Intérieur qui a commandé cette mission à la DST et il connait également les noms des agents qui ont participé à cette l'opération, nommée "Palmes".
Cependant, le juge Alain Bernard ne convoque pas immédiatement les suspects : la DST a ainsi le temps de muter les agents concernés et le ministre Raymond Marcellin celui de leur donner l'ordre de ne pas répondre aux convocations du juge.
Puis, en 1976, Le juge d'instruction Alain Bernard est remplacé par le juge Hubert Pinsseau...
Ce dernier ne retrouve aucun des agents de la DST suspectés d'avoir participé à l'opération "Palmes" et il ordonne donc un non-lieu. De plus, selon lui, il n'y a pas eu violation de domicile puisqu'il s'agissait de locaux professionnels. Puis, en 1978, la Cour de cassation découvre un vice de forme et demande que l'affaire soit reprise à son début.
Chargée du dossier, la Cour d'appel d'Amiens proclame en 1979 que le délit est désormais prescrit et, en 1980, la Cour de cassassion confirme cette décision. Simone Rozes, présidente du tribunal de Paris, fait cependant sèchement savoir au juge d'instruction Hubert Pinsseau qu'il a déshonoré la justice française. De son côté, Le Canard Enchaîné a pieusement gardé les traces du passage des agents de la DST dans ses locaux...