Les peintres Eugène Corbin et Guirand de Scevola proposent en 1914 de recouvrir les canons français de peintures de la couleur de la nature qui les entoure pour les camoufler. En février 1915, l'armée française retient l'idée et crée une section militaire de 125 peintres spécialistes du trompe-l'oeil, lesquels vont jusqu'à réaliser des toiles qui représentent de faux soldats pour que les Allemands leur tirent dessus et dévoilent ainsi leurs positions...

1915-brassard de la Section Française de CamouflageLe décorateur de théâtre Louis Bérard rassemble quant à lui des sapeurs à qui il fait faire de faux-talus creux en terre qui épousent les courbes naturelles du terrain et dans lesquels des tireurs d'élite peuvent se cacher.

Des arbres, masquant des périscopes, sont également construits, ainsi que de faux arbres creux blindés qui permettent à des soldats de grimper à l'intérieur et d'y surveiller les mouvements de l'ennemi sans être vu.

Les artilleurs Allemands utilisant une chapelle du Chemin des Dames comme point de repère, elle est déconstruite pierre par pierre, en pleine nuit, et reconstruite à des centaines de mètres en avant des lignes françaises : au cours des 2 jours qui suivent, l'artillerie ennemie va alors bombarder inutilement cette chapelle !

D'autres décorateurs sont chargés de réaliser une section de faux soldats en carton pâte... sur lesquels les Allemands vont s'acharner un certain temps avant de comprendre la supercherie !

Autour des voies où progressent les convois militaires français, les spécialistes du trompe-l'oeil réalisent des décors pour rendre les véhicules invisibles. Pour tromper les avions allemands, ils construisent une fausse ville à côté de Paris et, pour plus de vraissemblance, la nuit, ses lumières ne s'éteignent que lorsque les bombardiers arrivent. En 1918, la Section Française de Camouflage comprend alors 3.000 peintres et 80.000 ouvriers-décorateurs.